Notre campement mongol

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Les tentes mongoles : histoire et pratique

LA YOURTE MONGOLE (OU GER EN MONGOL)

Cet habitat particulier, investi d’un imaginaire fort depuis notre point de vue occidental, est en réalité la traduction d’un mode de vie, lié au pastoralisme nomade et à une représentation du monde pour ses occupants.

La ger est adaptée à la mobilité et aux conditions naturelles de son implantation ; facilement démontable et remontable en une journée, elle est constituée de matériaux naturels et/ou produits par le pastoralisme. Cet habitat est ainsi l’expression aboutie de la coexistence des hommes d’une part, avec les animaux qu’ils élèvent, et, d’autre part, avec l’environnement naturel qu’ils parcourent.

Symbolisme et représentations

Les espaces intérieurs de l’habitat traditionnel nomade sont composés de plusieurs niveaux symboliques, dans lesquels l’espace naturel extérieur joue un rôle prépondérant :

• L’orientation établit l’ouverture de la ger vers le sud (vers l’est dans le cas de certaines traditions), correspondant ainsi à un système différent du nôtre (où la référence à l’est et l’ouest est préférée à celle de la droite et la gauche).
• La verticalité des deux poteaux centraux qui soutiennent la clé de la ger constitue un axe vertical central, reliant l’intérieur avec le seul point de perception du ciel, et au-delà, lien avec les ancêtres. Il est théoriquement interdit de passer entre les deux.
• Un axe horizontal depuis l’entrée vers le fond de la ger, séparation virtuelle entre les activités et les statuts, la gauche où se placent les invités et la droite, considéré comme le côté plus féminin de l’habitation.
• Le seuil de la porte est un élément important, le pied doit éviter de le heurter et il est préférable de l’enjamber de la jambe droite.

La circularité de la yourte apporte des avantages à la fois techniques et sociaux : outre la facilité de chauffage et de résistance aux vents, elle rassemble les occupants dans un espace convivial, autour du poêle central.

Construction

Le système constructif permet de se passer de clous et de se servir uniquement de liens. Soutenu par les poteaux centraux, un anneau de bois maintient les 80 chevrons environ sur lesquels repose la toiture. Cette ouverture zénithale et centrale, outre son symbolisme, permet l’aération et l’éclairage et peut être rapidement recouverte en cas de pluie. Les murs sont constitués d’un treillis dépliable, posé en cylindre et soutenant la partie basse des chevrons.

La couverture et l’isolation sont assurées par le feutre et la toile, en plusieurs couches si besoin, et relevable à sa base pour ventiler lors de fortes chaleurs ou averses.

Le sol est parfois constitué d’un plancher en bois, sur un principe similaire à celui d’un petit vide-sanitaire, sur lequel sont déroulés des tapis.

Aménagement intérieur

La disposition interne est ordonnée de la façon suivante : le fond intérieur de l’habitation, vers le nord, est le siège des objets de valeur, des souvenirs de famille, de l’autel, de l’invité à honorer ; les lits et assises sont placés latéralement, orientés tête vers le Nord (comme les matelas d’appoints). La cuisine est à droite de l’entrée, côté féminin, les objets relatifs aux animaux (outils, équipements équins) à gauche. Si l’espace intérieur s’embrasse d’un regard, il est ainsi divisé par l’ameublement et les activités qui y sont liées.

Les couleurs et motifs géométriques des peintures des chevrons, des meubles, des poteaux, les tissus et tapis, apportent, avec le poêle central et le sourire de ses habitants, la chaleur hospitalière de toute ger mongole.

Article rédigé par Charlotte Marchina, Raphaël Blanchier, Léa Macadré et Laura Nikolov (2012)